While Waiting

J’avais testé la prometteuse démo de While Waiting lors d’un festival de démos Steam. Le concept de l’ennui m’intrigue, particulièrement lorsqu’il passe par le jeu vidéo, un média pourtant taillé pour ados hyperactifs.
Voyez vous, dans le jeu vidéo, il y a des concepts qui indique qu’il doit se passer des trucs, partout, tout le temps, sinon, vous décrochez. C’est pareil dans les vidéos Youtube, films d’actions. Tout divertissement doit accaparer votre attention totale et complète. Et ça me gonfle.
Quand While Waiting vous dit : Il n’y a rien à faire dans mon jeu, juste attendre, s’occuper, patienter, jusqu’à ce qu’un événement arrive, et bien oui, je me suis dit “et pourquoi pas ?”.
Ce jeu m’a été fourni gratuitement via Keymailer.
Premier contact avec le jeu, les visuels sont pipous à souhait. Ce crayonné donne tout de suite une impression de candeur, de légèreté. Si ce n’est pas le premier jeu à arborer un tel style, cela fait toujours son effet.
Musicalement, l’ambiance est là aussi. La bande-son accompagne chaque scénette avec la même légèreté.
En termes de gameplay, la boucle est très simple : vous êtes dans un moment de vie. On suit tous les événements clefs de l’existence d’un protagoniste, que l’on appellera Bobby, de sa naissance à son décès. Chaque tableau vous annonce l’événement à attendre ainsi qu’une to-do list de trucs à faire, si vous le souhaitez.
On se déplace avec la finesse du tractopelle, piloté par Gégé, qui a pris l’apéro un peu trop tôt. Oui, le moins que l’on puisse dire, c’est que la partie gameplay est approximative.
Je trouve qu’il est si peu évident de comprendre avec quels éléments on peut interagir qu’on se retrouve très vite à cliquer partout pour essayer de voir ce qu’on peut faire. Ce qui est marrant parfois, car on trouve un truc absurde à faire ou à observer, mais qui est bien souvent frustrant.
Frustrant car il y a un timer caché, l’attente jusqu’au fameux événement pour Bobby. Et il arrive parfois vite, parfois moins vite. C’est tout le concept de l’attente, vous me direz, mais galérer à interagir pour n’arriver à rien jusqu’à ce que le tableau change de scène, ce n’est pas l’intention souhaitée à mes yeux.
Je reviens d’ailleurs sur le concept de to-do list. Oui, elle est optionnelle, et oui, vous pouvez passer l’intégralité du jeu à l’ignorer. Cependant, toute occupation est en lien avec elle, et nous connaissons l’effet de ces cases à cocher chez les caractères complétionistes. Cela invite à relancer le jeu et à rechercher les actions en rapport avec la liste. Un contre-pied sur un jeu qui parle d’attente.
On peut vraiment parler de “raté” à mon sens car je m’attendais vraiment à un jeu qui allait en profiter pour nous poser et nous inviter à une réflexion sur le temps qui passe. Chose qui est compliquée quand on a une liste d’occupations et d’interactions compliquées à effectuer. J’aurais trouvé plus judicieux de retirer cette liste et de s’intéresser à tout un tas de petites actions anodines, futiles. Peut-être même des pensées de la part de notre personnage, des réflexions sur sa situation actuelle.
Non, rien de tout ça. Bobby a toujours le même regard vide et le charisme d’une huitre cuite. C’en est même agaçant de jouer un personnage aussi niais. J’imagine que l’intention était de le rendre commun ou banal, sans que cela soit mal connoté, juste une personne lambda, un monsieur tout-le monde.
Dans le meilleur des cas, Bobby est juste un peu béta. Mais il lui arrive même parfois d’être arrogant, insolent, méchant, ou complétement con. Peu de phases mettent Bobby à son avantage, ce qui m’a fait lâché le jeu plutôt vite une première fois.
Cela dit, et pour les besoins de cet article, je suis allé au bout du jeu. Il faut admettre que l’histoire finit par être touchante. Je ne la spoilerais évidemment pas car c’est 90% des raisons d’acheter ce jeu.
Il y a bien des moments qui marchent. En 100 tableaux, difficile de tous les rater évidemment. Ils ne sont même pas ratés, juste pas très intéressants. Que l’on fasse quelque chose ou que l’on attende juste, ça ne change rien.
Bobby a une vie lambda, de sa naissance, jeunesse, vie d’adulte, vieillesse et inéluctable décès. Est-ce que j’ai été content d’attendre que le temps passe ? Je n’en sais rien. Est-ce que j’ai fait autre chose pendant que le jeu tournait car deviner les interactions m’a gonflé ? Oui.
Est-ce que je pourrais vous recommander un jeu pour lequel j’ai fait autre chose en attendant ? Non, même si d’un côté, c’est très méta comme concept.
LupusVII