The Alters

The Alters
par CekterDown

Des fois, on n'attend rien d’un jeu. On se dit “Oh, un survival craft dans l’espace avec une base mobile rigolote et des clones, ça a l’air marrant”. Et puis vous lancez le jeu, et la vie vous met un coup de genou dans le bide. C’est The Alters, et voici mon retour d’expérience sur les premières heures.

Clone me tender

Vous êtes Jan Dolski. Un pauvre type, un peu nul, un peu moyen, un peu raté, qui part pour une aventure spatiale en tant qu’ouvrier, avec tout un groupe de gens bien plus qualifiés que lui. Ils sont à la recherche d’une planète riche en “rapidium”. Une nouvelle ressource qui sauvera l’humanité, ou en tout cas des actionnaires. Bien entendu, tout va mal et Jan se réveille sur une plage inconnue d’une planète qui ne l’est pas moins. Il est seul, tout le monde est mort, bon ben…

Heureusement, le principal est sauf : la base mobile de survie. Un pneu gigantesque, qui abrite toute une infrastructure allant de la cabine du capitaine à un mystérieux “ordinateur quantique”. Trouver des ressources, gérer les modules qui constituent la base, bref survivre. Et, comme un malheur n’arrive jamais seul, une communication officielle de votre employeur vous annonce que le soleil va se lever dans 15 jours sur notre position et qu’il va tout cramer, et nous avec.

Heureusement, voilà t’y pas qu’on tombe sur ce qu’on était venu chercher (du Rapidium, rappelez-vous) et que c’est justement grâce à ça qu’on va pouvoir s’en sortir. Donc là, normalement et si vous ne vous êtes pas endormis, vous vous dites que ce n'est pas l’originalité qui les étouffe niveau scénario. Grossière erreur, car pour pouvoir faire fonctionner notre base mobile, la seule solution va être de nous cloner. Et c’est là que tout part littéralement en vrille.

Envoyez les clones

C’est que, voyez-vous, il ne s’agit pas seulement de créer un clone de vous et de le faire grandir en accéléré. Oh que non, ce serait trop facile ! Le principe est de remonter dans votre mémoire génétique et de prendre un “vous” appartenant à une autre timeline. Mais si vous savez bien, tous ces moments de vie où vous étiez face à un choix et où vous avez dû prendre une décision impactante. Eh bien, à chaque fois, vous avez créé une nouvelle ligne temporelle, et c’est dans cette ligne que votre technologie va piocher pour ramener une autre version de vous. Le vous qui a choisi médecine, le vous qui préférait étudier plutôt que sortir, le vous qui s’est engagé dans l’armée ou le vous syndicaliste. Tous ces vous potentiels vont peu à peu peupler votre base et vous aider dans votre but ultime : vous barrer vite et loin.

Bien entendu, chaque version aura ses spécialités et devra être assignée aux tâches qu’elle est capable de faire. Vous devrez également veiller à ce que ce petit monde vive dans les meilleures conditions possibles de bien-être. Là encore, tout un tas de réglages, d’outils de gestion et de micro-management vous permettront d’accomplir tout cela. Mais pourtant, comme pour un Stardew Valley en son temps, ce serait vraiment très dommage de vous arrêter à cet aspect du jeu.

Story of a clone

En effet, The Alters n’est pas qu’un jeu de survie, de gestion et d’exploration. C’est surtout un jeu introspectif où Jan, confronté à tout ce qu’il aurait pu être, apprend à accepter ce qu’il est et à s’en sortir par lui-même. Le ton n’est pas léger, les embranchements de sa vie non plus, et on se doute que tout ne finira pas autour d’un feu à chanter des chants scouts.

Dès le départ, The Alters tape fort et dur. Les failles, les faiblesses, les doutes, la solitude, toutes ses émotions traversent Jan, et nous par la même occasion. La création du premier clone est un moment d’une violence incroyable alors que la caméra est juste en train de filmer notre protagoniste assis en train d’attendre.

Pure incarnation du « what if », le jeu va chercher au plus profond de nous pour nous exposer aux conséquences de nos choix. Il retourne le principe même de l’embranchement dans le jeu vidéo, technique bien connue des CRPG qui permet d’annoncer « chacun de vos choix comptent » lors des « world premiere ». Cette fois, il nous expose à chacun de ces choix, et il nous fait vivre avec.

Je ne vous ferai pas le coup du GOTY, absurdité inventée par des marketeux, mais ce jeu m’a pris aux tripes et transporté. Mais j’ai conscience qu’il ne parlera peut-être pas à tout le monde.

Car The Alters, c’est l’histoire d’un humain, de ses doutes, de ses regrets, de ses choix et de ses non-choix. C’est une analyse, une introspection, un miroir. C’est enfin une histoire personnelle qu’on devine difficile, mais quelle histoire ne l’est pas.

CekterDown

Encart technique

S'il n’y a que peu de protagonistes différents (de fait), il convient de souligner le travail de l’acteur qui double toutes les versions de Jan Dolski. Il arrive à insuffler une personnalité différente à chacun sans transformer sa voix. Il change uniquement d’intonation, de tics de langage ou de débit, et on se prend à pouvoir différencier chaque clone l’un de l’autre. Un travail superbe.

Le côté technique est superbe lui aussi. Les graphismes sont magnifiques, la DA est soignée, les transitions de scènes sont travaillées, et la partie sonore renforce l’ambiance, tant par ses bruitages que par sa musique.

Toutes les options graphiques actuelles sont prises en charge (dlss, fsr3, xls, etc.) et permettent un réglage fin du rendu. Réglages nécessaires puisque le jeu semble assez gourmand.

Avec ma config (i5-10600, gforce4060ti et 32Go de ram) je joue en graphismes élevés, et dlss sur qualité, tout en maintenant un 60fps constant en 1080p. Donc à adapter suivant votre matériel.