Herdling

Herdling
par CekterDown

Il existe des jeux qui vous accrochent dès les premiers instants. Peut-être est-ce le thème, peut-être est-ce la DA, ou encore la musique, ou un mélange des trois. Et puis, souvent, on se méfie. On se dit qu’on va attendre, qu’il y a le temps, qu’il ne faut pas s’emballer. Et puis, parfois, rarement, presque par inadvertance, on tombe sur une pépite. C’est le cas d’Herdling, une petite merveille indé qui nous place dans la peau d’un jeune berger perdu dans une ville morte.

La fuite

Tout commence alors qu’on s'éveille sur un banc. Assez rapidement, on récupère un bâton puis on tombe sur notre première créature dans ce qui est clairement un monde post-apocalyptique vide d’humains. Nous voici en train de dompter (gentiment) la créature et d’apprendre à la diriger. Notre troupeau (car oui, ce sera un troupeau), va peu à peu s’étoffer
au fil des rencontres alors que le level design nous pousse très intelligemment à quitter cet endroit aussi bétonné que dévasté.

Nous apprenons donc à diriger notre petite troupe avec une légère subtilité : elle nous précède. Il va donc falloir siffler, crier et agiter le bâton, pour pouvoir guider sans encombre les créatures hors de la ville.

Nous n’aurons pas besoin de les nourrir (elles se débrouillent toutes seules) mais il faudra parfois les nettoyer ou les cajoler (et ce sont des moments très pipou).

La découverte

Le jeu en lui-même se présente comme un walking simulator. Il y a quelques petites énigmes se résumant principalement à “par où passer pour débloquer le chemin”, mais elles sont extrêmement simples et ne font que servir la narration. Le grand challenge du jeu est de diriger les bestioles. Elles ne vont que là où vous leur dites d’aller, et c’est forcément en ligne droite, à l'opposé de votre bâton. Comme vous vous en doutez, elles avancent avec la grâce et l’aveuglement d’un 38 tonnes, faisant fi des obstacles. Résultat : blessure, dispersion, voire chute dans un trou et mort.

Si, pour le dernier point, il n’y aura pas grand-chose à faire à part pleurer l’animal, les deux autres cas vous permettent de rattraper le coup grâce à des baies bleues dont ces bestioles sont friandes.

C’est dans ce genre de moment qu’un jeu doit proposer une prise en main parfaite. Et il se trouve que pour Herdling c’est le cas. Oh, bien sûr, il y a quelques petits “bugs de pathfinding” de-ci de-là, comme une de vos touffes de poils qui va se coincer entre deux rochers. Mais là encore, rien de bloquant.

Le voyage

Une fois votre troupeau réuni, il va falloir avancer. Le level design, très clair, vous permet de comprendre immédiatement où vous devez le guider. En substance, et sans rien dévoiler de l’intrigue, il va falloir grimper. Je ne sais pas ce qu’ont les jeux depuis quelques années avec les sommets enneigés, mais qu’il s’agisse de jeu d’action, de gestion, de walking sim, ou même de tactical, on peut dire que la montagne, ça vous gagne.

Ici, c’est surtout le prétexte pour traverser différents biomes et leurs lots d’obstacles à franchir. Si certains sont attendus, d’autres sont plus surprenants. Mais dans les deux cas, c’est l’effet wow qui domine. Les paysages sont magnifiques, le sentiment de déplacement est réel et on passe de façon si fluide et naturelle d’un lieu à un autre qu’on se demande si on n’a pas loupé quelque chose (spoiler alert : non, c’est un walking sim).

L’arrivée

Je ne veux pas en dire trop, car le jeu est relativement court. J’ai mis 7h pour arriver au bout, sans forcer à aucun moment. Je n’ai pas fait une run parfaite (oui, j’ai perdu des bêtes dans le voyage), et je n’ai pas tous les succès Steam. Je table donc plus sur une dizaine d’heures pour boucler tous les objectifs.

Mais, encore une fois, il s’agit d’un walking simulator. Il nous raconte une histoire à travers son gameplay. Les textes sont rares, en dévoilent très peu et c’est tant mieux. Ce qu’on comprend, c’est par la route, par le jeu.

D’un point de vue technique, là encore, c’est du très bon. Sur mon vieux PC d’il y a quatre ans, j’avais tout à fond et j’étais à 60 fps constants. Le fluffy des animaux donne envie d’en avoir pour de vrai, et les créateur·ices du jeu ont réussi à leur insuffler des émotions avec brio. La musique, discrète et envoûtante, accompagne le voyage avec grâce, sans en faire trop.

Au final, c’est un jeu d’une grande poésie et superbement dosé qui sait s’arrêter au bon moment. Au point où on aurait presque aimé qu’il nous laisse encore un peu avec notre troupeau, dans cet écrin, avec nos yeux humides et notre sourire béat.

CekterDown