Dread Delusion

Dread Delusion
par CekterDown

Je posais la question en accroche de stream : le low poly va-t-il trop loin ? Et c'est précisément ce jeu qui m'a fait me poser la question. Imaginez un peu, un rpg-action-open-world-old-school-low-poly dans un monde étrange où les territoires sont des iles flottantes (non pas le dessert) et où les arbres sont des champignons hallucinogènes géants. Leurs spores étant partout, on ne sait pas si on est dans un rêve, un cauchemar ou dans la réalité la plus terre-à-terre.

Sorti le 14 mai 2024, Dread Delusion est un jeu indépendant (ah bon ?) de type action-RPG en vue FPS. Beaucoup acronymes pour dire que vous allez devoir taper des mobs avec une épée tout en gérant une fiche de personnage, parler à plein de monde, résoudre des quêtes et le tout sans jamais voir vos pieds (ni le reste de votre corps).

Le début est très classique, et très Morrowind-core. Jugez plutôt : vous êtes un prisonnier de droit commun, enrôlé de force par l'inquisition pour aller capturer une cheffe des mercenaires dans un château. Bien entendu, ce ne sera que le début de votre périple qui vous amènera à visiter l'ensemble des îles constituantes de ce territoire étrange. On crée son personnage, on choisit sa classe, son passé et sa "psychologie". On répartit quelques maigres points de caractéristique et en avant pour l'aventure.

Comme vous pouvez le voir sur les screenshots accompagnant cet article, Dread Delusion est... Spécial. Un ciel rouge qui vous accompagnera quasiment en permanence, des créatures étranges, des humains modélisés "à l'ancienne"", un low poly ultra énervé qui fait saigner les yeux, c'est un jeu unique et totalement halluciné que nous propose les devs de Lovely Hellplace (oui, c'est leur nom).

Pourtant, derrière cette façade pour le moins déroutante, on a un action-RPG très classique : parler aux pnjs dès l'arrivée dans un village pour savoir où se situe l'auberge, épuiser les différents dialogues pour obtenir des quêtes secondaires, recevoir des objets en récompense de ces quêtes, etc. C'est presque trop classique. Je veux dire que pour celles et ceux qui auront poncé les Elder Scrolls par exemple, vous n'aurez rien de bien nouveau à vous mettre sous la dent d'un point de vue gameplay. On se faufile ou on attaque frontalement, on aide ou on ignore, on remplit son livre de quêtes ou au contraire, on se concentre sur la trame principale. Vous êtes libres de tout faire, y compris d'acheter un de ces navires volants et d'en faire votre base principale et mobile.

Du coup, en y jouant, il m'est venu cette question : à quoi sert l'utilisation d'une telle esthétique si c'est pour, au final, me livrer un jeu aux mécaniques aussi standardisées ? Y a-t-il un twist ? Suis-je en train de jouer à un jeu qui me propose autre chose que ce qu'il me montre ? Je dois dire que je suis pour le moment sans réponse. Mais quoi qu'il en soit, Dread Delusion a réussi à me surprendre et à relancer mon intérêt quand le rythme faiblissait quelque peu. Si je ne vous partage que des vues du début du jeu, c'est que je ne voudrais en aucun cas vous gâcher la surprise de certaines zones et situations, mais sachez que le jeu est techniquement impeccable et se boucle en 28h d'après HowLongToBeat (comptez le double si vous êtes comme moi, et que vous aimez prendre votre temps).

En résumé, si vous cherchez un action-RPG à l'ancienne, mais avec une jouabilité et une QoL moderne, je ne peux que vous conseiller ce titre. Si vous arrivez à aller au-delà de sa proposition graphique déroutante à plus d'un titre (allez toutefois faire un tour dans les options, pas mal d'effets visuellement déstabilisant sont désactivables), vous découvrirez pour une quinzaine d'euros un RPG comme on en fait malheureusement trop peu.

Bon par contre maintenant va falloir arrêter avec le low poly hein...